Nouvelle génération de hippies ? Prénom star des maternités en 2014 ? Stratégie d'invasion des ricains dans la langue de Molière ? Le mot "vegan" (tu le prononces comme tu veux, mais au pays de l'Oncle Sam, on le dit à la manière dont il est orthographié dans le titre) apparaît peu à peu dans les médias français. Avant toute chose et pour préciser quelle orientation va avoir la suite de cet article, je suis moi-même... VEGAN.
Si tu es passé à côté d'une connaissance qui a décidé de près ou de loin d'adopter ce type de consommation ou si tu n'as jamais lu, vu ou entendu un sujet évoqué ce terme, sache que si tu décides d'acquérir l'édition 2015 du Larousse, tu pourras y trouver sa définition.
Certaines seront
sincères et auront une véritable démarche pour réduire la part de viande dans
leur alimentation (le comportement est à saluer et pas mal de vegans devraient se souvenir qu'ils n’ont pas changé leur habitude d’un claquement de doigt, mais ça c'est un autre débat). D’autres personnes en revanche se mentent à elles-mêmes et préfèrent occulter le
problème en se persuadant du contraire. Il n’y a dans cela rien d’anormal
finalement. On est sur le même mécanisme de défense que la personne qui
utilisera l’humour, la négation ou l’insulte. Mais pourquoi ne pas croire ces
personnes en particulier ? J’en veux pour preuve ma propre
expérience. En effet, comme beaucoup aujourd’hui, j’avais connaissance de
l’horreur des élevages intensifs, de l’atrocité des abattoirs et du gaspillage de la pêche en eau profonde.
Et comme beaucoup encore, je me déculpabilisais en disant que je mangeais quand
même beaucoup moins de viande. En réalité, je mangeais surtout moins de viande
rouge. Jusqu’à preuve du contraire, les lardons que j’utilisais pour faire des
pâtes à la carbonara pour remplacer la bolognaise étaient de la viande. La
viande hachée que je substituais par du saumon pour faire du hachis parmentier,
c’était de la viande. Le fait de prendre plus de crudités le midi n’empêchait pas
le poulet de se retrouver dans un plat avec des frites. Je préférais au
McDeluxe de chez McDo son équivalent poisson connu sous le nom innovateur de
McFish (ils sont balèzes au marketing). Mais finalement, c’était toujours de la
viande. Les exemples sont multiples mais illustrent surtout le fait que je
n’avais finalement pas changé la manière de me nourir. Pourtant, je pensais sincèrement
à cette époque que j’en consommais moins. Et pour cause, dans l’imaginaire
collectif, la viande ça reste ça. La viande
c’est rouge, c’est du du muscle et surtout du sang. Le symbolisme de cette
couleur est universel : la violence. Cette représentation n’est pas
anodine dans le cas présent. Une grande partie de la population a vu au moins
une fois la mise à mort d’un animal. Cette couleur rappelle inconsciemment la
violence de cet abattage. Il n’y a pas de façon propre ou non cruel de tuer.
Quand tu égorges une vache, il y a du sang, beaucoup de sang. Et même si
l’homme à ce formidable mécanisme de défense psychologique à « oublier »
une expérience traumatisante (refoulement, résilience, appelle ça comme tu
veux), manger un morceau de viande rouge lui rappellera inconsciemment cet
abattage. Mais si tu manges un poisson pané, la projection n’est plus la même,
c’est blanc, c’est pur, tout va bien !
Je n'ai pas de date précise mais cela fait maintenant plus de deux ans que j'ai décidé de ne
plus consommer de produits animaux. Ce changement est souvent évoqué à table car
c’est à ce moment précis que t’en consomme le plus, lorsque tu bouffes !
La plupart du temps, les mêmes remarques, reproches ou parfois compliments
(mais ça c’est plus rare) reviennent. Je voudrais aujourd’hui me focaliser sur
les nombreuses personnes qui me disent que c’est bien et qui me sortent le
fameux « Non mais tu sais moi de toute façon je mange moins de viande
qu’avant. ».
Donc quand tu regardes ton poisson pané, il est plus
difficile d’y projeter de la souffrance. Pourtant, lorsque tu égorges un
poisson, un cochon ou tout autre animal, il y a autant de sang. Statistiquement,
il est vrai que la consommation de viande a diminué.
Les nouvelles données de l’enquête « Comportements et Consommations Alimentaires en France » (CCAF) 2010 |
Maintenant cette diminution concerne uniquement la
viande vendue en boucherie. Si l’on décide d’ouvrir notre angle de vision, on
voit clairement que la consommation globale de viande n’a pas vraiment chuté.
La consommation alimentaire depuis quarante ans (INSEE) 2002 |
Qu’il finisse sur les étalages d’une boucherie ou dans
une escalope d’un plat tout préparé d’un quelconque supermarché, pas certain
que ça change quelque chose pour le veau. Mais ça soulage peut être un peu plus
le porte-monnaie du consommateur (à court terme), ainsi que sa conscience. Et les gars au marketing l'ont bien compris.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire