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mercredi 3 décembre 2014

Le FMI : ma grande passion

Le premier jour du mois de novembre est le jour férié le plus glamour et jovial de l’année. Le service marketing  de la religion catholique pensait même avoir eu une idée divine en planifiant cette célébration à une période de l’année logiquement pluvieuse et grise. 
Ambiance, ambiance.

Mais le ciel n'était pas avec les morts ce weekend, il n’avait pas prévu que 2014 ans après la naissance du môme du patron, tu pourrais te balader en tong et en marcel pour voir papi et mami dans leur nouveau lotissement. Mais bien plus encore, Dieu n’avait pas anticipé qu’il y aurait eu la 3ème édition du Festival de la musique à l’image. De quoi faire déplacer Lourdes à Paris le temps d'un weekend. Bon, pour mettre un peu d'eau dans mon calice, la musique de film n'attire pas autant de monde qu'un discours sur la place Saint Pierre, c'est vrai. Mais assister à des masterclass de Zimmer, Gregson-Williams ou Giacchino en petit comité, c'est plutôt appréciable. 

Si tu n'es pas particulièrement attentif à la musique dans les films, tu connais au moins un des 3 noms cités plus haut. Mais puisque on parle de musique à l’image, c’est peut être mieux que je te les présente en vidéo. Commençons par la star internationale de la BOF, Hans Zimmer. Il clôturait la série de masterclass de la première édition du festival où participaient également Bource (The Artist) et Beltrami (Scream). Zimmer c’est donc la machine de guerre de la musique de film. Son statut fait de lui un compositeur soit adulé, soit détesté. Si effectivement il n’a pas fait que des chefs d’œuvres (mais sors moi donc un compositeur qui a une carrière sans fausse note) sur les 3 ou 4 BOF qu’il sort par an depuis les années 80, le monsieur sait mettre en avant la musique de film. Certaines critiques sur le bonhomme pourront aussi dire qu’il a pompé aisément sur certaines œuvres de ses collègues ou encore qu’il ne se renouvelle pas assez, mais là encore, on retrouve le même schéma dès qu’un compositeur commence à avoir du succès (une règle applicable à la musique dans son intégralité d’ailleurs). Quoiqu’il en soit, c’est avec Zimmer que j’ai commencé à apprécier la musique de film. 
Vous avez dit trop de projecteurs ?

Sa masterclass a permis de parcourir en diagonale sa déjà très longue carrière. Animé par le compétent Stéphane Lerouge, les auditeurs ont pu (re)découvrir Rainman, the Lion King, Black Rain et Backdraft ainsi que des anecdotes accompagnant les compositions de ces musiques. Voici un petit cadeau vidéo (cadrée à la perfection par l'auteur de ces lignes) de la conclusion de cette séance pour te récompenser d'avoir lu jusque là :

Au menu de la deuxième édition en 2013, il y avait du Bruno Coulais (sauce Microcosmos), Jean Pierre Jeunet (point de vue d’un réalisateur sur la musique d’un film, pourquoi pas) et Harry Gregson Williams en dessert. Je ne peux vous parler que de ce dernier puisque on ne peut assister qu’à une masterclass par édition. Mon choix était donc vite fait puisque j’apprécie beaucoup le boulot de ce compositeur. Et quelle surprise en entrant et en voyant l'installation de la scène.
Reconstitution de la chambre d'HGW
En effet, Lerouge nous annoncera en début de séance que le compositeur britannique va nous présenter seul et pendant 1h30 un résumé de sa carrière à l'aide de ses outils avec lesquels il a l'habitude de faire joujou. C'est de loin la masterclass sur le plan technique la plus intéressante à laquelle j'ai pu assister. L'assistance a le droit à une démonstration très pratique (merci Cubase) de ses compositions les plus connues comme Man on Fire ou Shrek. Il nous parlera évidemment de ses collaborations avec Tony et Ridley Scott (commande à la dernière minute d'un des thèmes principaux de Prometheus) tout en nous expliquant avec humour son travail de composition très spécifique à chaque film. Deuxième petit cadeau vidéo avec un extrait de cette superbe masterclass :

Cette deuxième édition s'est clôturée au Grand Rex (animé par le boute-en-train Michel Denisot, incapable de comprendre un mot d'anglais)  avec un concert rendant hommage aux participants des masterclass d'une part, et d'un hommage à John Williams d'autre part. Soit du lourd en perspective. D'autant plus que là encore, HGW a assuré lui même la conduite de l'orchestre sur ses compositions. Des pépites sonores pour tes oreilles. Je te laisse t'amuser à reconnaître/lire le titre des films des musiques qui auront été joué ce soir là.

Enfin, cette année nous avions le droit à la même (bonne) organisation du FMI. Masterclass le samedi après-midi à la Gaîté Lyrique et concert le lendemain au Grand Rex. Pour cette édition, t’avais le choix entre Jean-Michel Bernard (la Science des Rêves), Fernando Velazquez (The Impossible), Michael Giacchino et… Archive. Et oui, le dernier album du groupe britannique est la musique du film Axiom, un court métrage à donner une érection au plus asexué des anonymous. Mais assister à une masterclass de Michael Giacchino, un des compositeurs hollywoodiens les plus prolifiques de ces dernières années était la priorité. Comme ses deux autres compères des deux éditions précédentes, il compose également pour l’industrie du jeu vidéo. A la différence qu'il s'est fait connaitre grâce à cette industrie et non l'inverse comme le font aujourd'hui Zimmer et HGW, qui sont sollicités pour participer à la création de bandes originales de gros hits sur console suite à leurs succès sur grand écran.

Aujourd'hui, Giacchino c'est les films de JJ Abrams, des Pixars et certains derniers blockbusters tels que Star Trek et la Planète des Singes. Cette masterclass s'est présentée sous une autre configuration encore que les deux précédentes (oui c'est possible) puisque Michael Giacchino n'était... tout simplement pas présent physiquement à Paris. Mais la déception de faire un chatroulette avec le compositeur américain pendant plus d'une heure est vite oubliée tant le personnage est sympathique. Si bien qu'en sortant de la salle, t'as l'impression de t'être fait un nouveau pote. Le tracé en diagonale de sa carrière à travers les questions de Lerouge se fera dans la bonne humeur et c'est toujours intéressant d'avoir le point de vue d'un compositeur sur la création d'un film. Un aspect bien souvent sous-évalué malheureusement. A noté le message audio sympathique de Lalo Schifrin pour Michael (ouais je t'ai dit on est copain maintenant) qui honore d'autant plus son talent et son potentiel (ils ont collaboré ensemble sur le score de Mission Impossible 3 et 4). La séance se terminera avec une très belle interprétation au piano par Jean-Michel Bernard de la musique de Giacchino.

La conclusion du festoch' s'est terminée en ascenseur émotionnel au Grand Rex avec le Paris Symphonic Orchestra. Les musiciens sont dirigés par le plus latine lover des chefs d'Orchestre : Diego Navarro. Jambes écartées, mouvement de bassin, il ferait un carton aux soirées salsa des bords de Seine. 

La première partie était consacrée à Jean-Michel Bernard que je ne connaissais pas vraiment avant le festival. S'il est un excellent musicien de jazz au piano (vous avez un aperçu dans la vidéo précédente), ses compositions me font autant d'effet que les musiques de Patrick Sébastien diffusées par un dj bourrée lors d'une soirée dans une salle communale. Pour sa défense, je ne suis pas vraiment fan de Gondry (dont il est le compositeur attitré) et les autres films sont plus proches de la médiocrité que du génie. Dans tous les cas, son style n'est pas ma came.
En deuxième partie, c'était au tour de Fernando Velázquez de s'y coller. Comme l'avait fait HGW l'année dernière, il va lui même diriger le Paris Symphonic Orchestra. Je n'avais qu'un aperçu de son travail, notamment via ses compositions efficaces sur les films The Impossible et Mama. Mais à l'inverse de JMB, je me prends un uppercut émotionnel en pleine gueule. Quand les premières notes de la bande originale de Lope se diffusent dans la salle du Grand Rex, t'as l'impression de te retrouver dans la peau d'une bonne sœur à qui on annonce que les carottes ne seront pas rappées aujourd'hui. C'est la Révélation ! Fernando Velázquez a un talent immense et je comprends aujourd'hui pourquoi il est un compositeur très demandé. En live, c'est magique et c'est probablement le moment "scoresque" le plus fort auquel j'ai pu assister. A écouter tous les jours du reste de ta vie si tu veux aller au paradis.


Après cette somptueuse découverte, Diego Navarro reprend sa place et va donner toute son énergie et sa passion en dirigeant l'orchestre parisien sur plus d'une heure de musique de Giacchino. Là encore, c'est prodigieux. Comme j'en parlais plus haut, Giacchino a débuté dans le jeu vidéo. On a donc le droit en ouverture à une interprétation de la musique de Medal of Honor, jeu précurseur en de nombreux points, notamment avec sa bande originale.


Ce sera ensuite un Greatest Hits de Giacchino auquel nous auront le plaisir d'assister, un vrai régal. Rien n'est oublié en ce qui me concerne.

Enfin, Archive clôturait ce concert avec l'interprétation de leur dernier album Axiom que je trouve très réussi. Par contre en live, grosse déception. Je ne sais pas si c'est le fait de passer d'une musique symphonique à quelque chose de plus électronique, mais c'était ni plus ni moins un calvaire pour mes oreilles. Volume sonore trop élevé, trop de basse, j'ai franchement dû mal à entendre et reconnaître les morceaux de l'album. Le groupe poursuivra avec d'autres morceaux mais je n'ai pas continué l'expérience. Ascenseur émotionnel pour le pire donc... Mais aussi et surtout pour le meilleur.



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